Mais que voulez-vous ? De nos jours on introduit la politique en toutes choses, et si je me laisse aller à suivre la règle commune, je prie le lecteur de me plaindre au lieu de m’accuser de faire bassement ma cour au régime nouveau, après avoir été accablé, de faveurs par l’honorable docteur Ross, ci-devant premier ministre, qui a été un jour jusqu’à assister à l’une de mes conférences.
Le mot que je veux dire est « Votation. » C’est le mot populaire par excellence, le plus accrédité et le plus achalandé parmi les journalistes. À coup sûr, ça n’est pas pour ses beaux yeux, car « votation » est bien, sans conteste, un des mots les plus grotesques qui existent. Il est lourd, enfagotté dans sa grosse étoffe comme un candidat-habitant. Comment s’est-il donc glissé dans notre langue à la place du mot scrutin que l’on peut lire, quand on veut, dans tous les journaux de France, ou bien tout simplement du mot vote qui est le vrai mot et qui dit tout avec deux syllabes de moins ? Quoi ! dira-t-on, est-ce que votation n’est pas français ? Mon Dieu ! oui, à la rigueur. Passation aussi, l’horrible et monstrueux passation est français au même titre. Mais si vous lancer ce mot en France autrement que par devant notaire, on vous prendra sans hésiter pour un Samoyéde ou un Kamschatkois.
Il y a comme cela quantité de mots, « stricte-