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THÉORIE DE LA TERRE.

» Ce malheureux canton inondé d’une façon si singulière justifie ce que les anciens et les modernes rapportent des tempêtes de sable excitées en Afrique, qui ont fait périr des villes, et même des armées. »

M. Shaw nous dit que les ports de Laodicée et de Jébilée, de Tortose, de Rowadse, de Tripoli, de Tyr, d’Acre, de Jaffa, sont tous remplis et comblés des sables qui ont été charriés par les grandes vagues qu’on a sur cette côte de la Méditerranée lorsque le vent d’ouest souffle avec violence.

Il est inutile de donner un plus grand nombre d’exemples des altérations qui arrivent sur la terre ; le feu, l’air et l’eau y produisent des changements continuels, et qui deviennent très considérables avec le temps : non seulement il y a des causes générales dont les effets sont périodiques et réglés, par lesquels la mer prend successivement la place de la terre et abandonne la sienne, mais il y a une grande quantité de causes particulières qui contribuent à ces changements, et qui produisent des bouleversements, des inondations, des affaissements ; et la surface de la terre, qui est ce que nous connoissons de plus solide, est sujette, comme tout le reste de la nature, à des vicissitudes perpétuelles.

* Au sujet des changements de mer en terre, on verra, en parcourant les côtes de France, qu’une partie de la Bretagne, de la Picardie, de la Flandre, et de la Basse-Normandie, ont été abandonnées par la mer assez récemment, puisqu’on y trouve des amas d’huîtres et d’autres coquilles fossiles dans le même état qu’on les tire aujourd’hui de la mer voisine. Il est