par les vaisseaux étrangers ; le sable s’élève dans les rues de cette bourgade jusqu’à deux pieds, et on l’enlève par charretées. On peut remarquer, en passant, qu’il y a dans ce sable beaucoup de parties ferrugineuses, qui se reconnoissent au couteau aimanté.
» L’endroit de la côte qui fournit tout ce sable est une plage qui s’étend depuis Saint-Paul jusque vers Plouescat, c’est-à-dire un peu plus de quatre lieues, et qui est presque au niveau de la mer lorsqu’elle est pleine. La disposition des lieux est telle, qu’il n’y a que le vent d’est, ou de nord-est, qui ait la direction nécessaire pour porter le sable dans les terres. Il est aisé de concevoir comment le sable porté et accumulé par le vent en un endroit est repris ensuite par le même vent et porté plus loin, et qu’ainsi le sable peut avancer en submergeant le pays, tant que la minière qui le fournit en fournira de nouveau ; car sans cela le sable, en avançant, diminueroit toujours de hauteur, et cesseroit de faire du ravage. Or il n’est que trop possible que la mer jette ou dépose long-temps de nouveau sable dans cette plage d’où le vent l’enlève : il est vrai qu’il faut qu’il soit toujours aussi fin pour être aisément enlevé.
» Le désastre est nouveau, parce que la plage qui fournit le sable n’en avoit pas encore une assez grande quantité pour s’élever au dessus de la surface de la mer, ou peut-être parce que la mer n’a abandonné cet endroit et ne l’a laissé découvert que depuis un temps : elle a eu quelque mouvement sur cette côte ; elle vient présentement dans le flux une demi-lieue en deçà de certaines roches qu’elle ne passoit pas autrefois.