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THÉORIE DE LA TERRE.

» Il est visible que des alluvions ou des atterrissements successifs ont été faits par le même mécanisme depuis plusieurs siècles, c’est-à-dire par des dépositions réitérées de différentes matières ; atterrissements qui ne sont pas de pure convenance : j’en trouve les preuves dans la nature même, c’est-à-dire dans différents lits de coquilles fossiles et d’autres productions marines qu’on remarque dans le Roussillon auprès du village de Naffiac, éloigné de la mer d’environ sept ou huit lieues. Ces lits de coquilles, qui sont inclinés de l’ouest à l’est sous différents angles, sont séparés les uns des autres par des bancs de sable et de terre, tantôt d’un pied et demi, tantôt de deux à trois pieds d’épaisseur ; ils sont comme saupoudrés de sel lorsque le temps est sec, et forment ensemble des coteaux de la hauteur de plus de vingt-cinq à trente toises. Or, une longue chaîne de coteaux si élevés n’a pu se former qu’à la longue, à différentes reprises et par la succession des temps ; ce qui pourroit être aussi un effet du déluge et du bouleversement universel qui a dû tout confondre, mais qui cependant n’aura pas donné une forme réglée à ces différentes couches de coquilles fossiles qui auroient dû être assemblées sans aucun ordre. »

Je pense sur cela comme M. Barrère ; seulement je ne regarde pas les atterrissements comme la seule manière dont les montagnes ont été formées, et je crois pouvoir assurer au contraire que la plupart des éminences que nous voyons à la surface de la terre ont été formées dans la mer même, et cela par plusieurs raisons qui m’ont toujours paru convaincantes : premièrement, parce qu’elles ont entre elles cette cor-