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ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS.

rempli tout l’espace que l’eau occupoit, se sont enfin étouffées l’une l’autre ; les parties supérieures se sont réduites en poussière et en terre ; les oiseaux y ont laissé tomber les graines de quelques arbres qui ont germé et produit ceux que nous y voyons, et la nature y en fait germer d’autres qui ne sont pas d’une espèce commune aux autres endroits, comme les bois marbrés et violets. Il ne seroit pas indigne de la curiosité des gens qui y demeurent de faire fouiller en différents endroits pour connoître quel en est le sol, jusqu’à quelle profondeur on trouve cette pierre à chaux, en quelle situation elle est répandue sous l’épaisseur de la terre, et autres circonstances qui pourroient ruiner ou fortifier ma conjecture. »

Il y a quelques terrains qui tantôt sont couverts d’eau, et tantôt sont découverts, comme plusieurs îles en Norwège, en Écosse, aux Maldives, au golfe de Cambaye, etc. La mer Baltique a gagné peu à peu une grande partie de la Poméranie ; elle a couvert et ruiné le fameux port de Vineta. De même la mer de Norwège a formé plusieurs petites îles, et s’est avancée dans le continent. La mer d’Allemagne s’est avancée en Hollande auprès de Catt, en sorte que les ruines d’une ancienne citadelle des Romains, qui étoit autrefois sur la côte, sont actuellement fort avant dans la mer. Les marais de l’île d’Ély en Angleterre, la Crau en Provence, sont, au contraire, comme nous l’avons dit, des terrains que la mer a abandonnés ; les dunes ont été formées par des vents de mer qui ont jeté sur le rivage et accumulé des terres, des sables, des coquillages, etc. Par exemple, sur les côtes occidentales de France, d’Espagne, et d’Afrique, il