qui sont extrêmement rapides en beaucoup d’endroits des Indes, l’ont séparée, et en ont fait une île. On croit la même chose à l’égard des îles Rammanakoiel et de plusieurs autres. Ce qu’il y a de certain c’est que l’île de Ceylan a perdu trente ou quarante lieues de terrain du côté du nord-ouest, que la mer a gagnées successivement.
Il paroît que la mer a abandonné depuis peu une grande partie des terres avancées et des îles de l’Amérique. On vient de voir que le terrain de Jucatan n’est composé que de coquilles ; il en est de même des basses terres de la Martinique et des autres îles Antilles. Les habitants ont appelé le fond de leur terrain la chaux, parce qu’ils font de la chaux avec ces coquilles, dont on trouve les bancs immédiatement au dessous de la terre végétale. Nous pouvons rapporter ici ce qui est dit dans les Nouveaux Voyages aux îles de l’Amérique. « La chaux que l’on trouve par toute la grande terre de la Guadeloupe, quand on fouille dans la terre, est de même espèce que celle que l’on pêche à la mer : il est difficile d’en rendre raison. Seroit-il possible que toute l’étendue du terrain qui compose cette île ne fût, dans les siècles passés, qu’un haut fond rempli de plantes de chaux qui, ayant beaucoup crû et rempli les vides qui étoient entre elles occupés par l’eau, ont enfin haussé le terrain et obligé l’eau à se retirer et à laisser à sec toute la superficie ? Cette conjecture, toute extraordinaire qu’elle paroît d’abord, n’a pourtant rien d’impossible, et deviendra même assez vraisemblable à ceux qui l’examineront sans prévention : car enfin, en suivant le commencement de ma supposition, ces plantes ayant crû et