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THÉORIE DE LA TERRE.

Dullart, en Frise, et en Zélande, et il y eut dans ces deux provinces plus de deux ou trois cents villages de submergés ; on voit encore les sommets de leurs tours et les pointes de leurs clochers qui s’élèvent un peu au dessus des eaux.

Sur les côtes de France, d’Angleterre, de Hollande, d’Allemagne, de Prusse, la mer s’est éloignée en beaucoup d’endroits. Hubert Thomas dit, dans sa description du pays de Liége, que la mer environnoit autrefois les murailles de la ville de Tongres, qui maintenant en est éloignée de trente-cinq lieues ; ce qu’il prouve par plusieurs bonnes raisons ; et entre autres il dit qu’on voyoit encore de son temps les anneaux de fer dans les murailles, auxquelles on attachoit les vaisseaux qui y arrivoient. On peut encore regarder comme des terres abandonnées par la mer, en Angleterre les grands marais de Lincoln et l’île d’Ély, en France la Crau de la Provence ; et même la mer s’est éloignée assez considérablement à l’embouchure du Rhône depuis l’année 1665. En Italie, il s’est formé de même un terrain considérable à l’embouchure de l’Arno ; et Ravenne, qui autrefois étoit un port de mer des exarques, n’est plus une ville maritime. Toute la Hollande paroît être un terrain nouveau, où la surface de la terre est presque de niveau avec le fond de la mer, quoique le pays se soit considérablement élevé et s’élève tous les jours par les limons et les terres que le Rhin, la Meuse, etc., y amènent ; car autrefois on comptoit que le terrain de la Hollande étoit en plusieurs endroits de cinquante pieds plus bas que le fond de la mer.

On prétend qu’en l’année 860, la mer, dans une