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THÉORIE DE LA TERRE.

nents, qu’une preuve qu’il a abandonné différents terrains, c’est qu’on ne trouve que très peu d’îles dans le milieu des grandes mers, et jamais un grand nombre d’îles voisines les unes des autres ; que, dans l’espace immense qu’occupe la mer Pacifique, à peine trouve-t-on deux ou trois petites îles vers le milieu ; que, dans le vaste Océan Atlantique entre l’Afrique et le Brésil, on ne trouve que les petites îles de Sainte-Hélène et de l’Ascension ; mais que toutes les îles sont auprès des grands continents, comme les îles de l’Archipel auprès du continent de l’Europe et de l’Asie, les Canaries auprès de l’Afrique, toutes les îles de la mer des Indes auprès du continent oriental, les îles Antilles auprès de celui de l’Amérique, et qu’il n’y a que les Açores qui soient fort avancées dans la mer entre l’Europe et l’Amérique.

Les habitants de Ceylan disent que leur île a été séparée de la presqu’île de l’Inde par une irruption de l’Océan, et cette tradition populaire est assez vraisemblable. On croit aussi que l’île de Sumatra a été séparée de Malaye ; le grand nombre d’écueils et de bancs de sable qu’on trouve entre deux semblent le prouver. Les Malabares assurent que les îles Maldives faisoient partie du continent de l’Inde, et en général on peut croire que toutes les îles orientales ont été séparées des continents par une irruption de l’Océan[1].

Il paroît qu’autrefois l’île de la Grande-Bretagne faisoit partie du continent, et que l’Angleterre tenoit à la France : les lits de terre et de pierre, qui sont les mêmes des deux côtés du Pas-de-Calais, le peu de profondeur de ce détroit, semblent l’indiquer. En

  1. Voyez Varenii Geograph. general., pages 203, 217, et 220.