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THÉORIE DE LA TERRE.

d’hui dans la mer ; et quand même on supposeroit que l’axe du globe auroit eu une autre inclinaison, et que les continents terrestres, aussi bien que les mers, auroient eu une autre disposition, cela ne détruit point le mouvement du flux et du reflux, non plus que la cause et l’effet des vents : il suffit que l’immense quantité d’eau qui remplit le vaste espace des mers se soit trouvée rassemblée quelque part sur le globe de la terre, pour que le flux et le reflux, et les autres mouvements de la terre, aient été produits.

Lorsqu’une fois on a commencé à soupçonner qu’il se pouvoit bien que notre continent eût autrefois été le fond d’une mer, on se le persuade bientôt à n’en pouvoir douter : d’un côté ces débris de la mer qu’on trouve partout, de l’autre la situation horizontale des couches de la terre, et enfin cette disposition des collines et des montagnes qui se correspondent, me paroissent autant de preuves convaincantes ; car en considérant les plaines, les vallées, les collines, on voit clairement que la surface de la terre a été figurée par les eaux ; en examinant l’intérieur des coquilles qui sont renfermées dans les pierres, on reconnoît évidemment que ces pierres se sont formées par le sédiment des eaux, puisque les coquilles sont remplies de la matière même de la pierre qui les environne ; et enfin en réfléchissant sur la forme des collines, dont les angles saillants répondent toujours aux angles rentrants des collines opposées, on ne peut pas douter que cette direction ne soit l’ouvrage des courants de la mer. À la vérité, depuis que notre continent est découvert, la forme de la surface a un peu changé, les montagnes ont diminué de hauteur,