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THÉORIE DE LA TERRE.

remarquables pour que nous devions en donner ici quelques exemples.

« En 1757, dit M. Perronet, une partie du terrain qui se trouve situé à mi-côte avant d’arriver au château de Croix-Fontaine s’entrouvrit en nombre d’endroits, et s’éboula successivement par parties ; le mur de terrasse qui retenoit le pied de ces terres fut renversé, et on fut obligé de transporter plus loin le chemin qui étoit établi le long du mur… Ce terrain étoit porté sur une base de terre inclinée. » Ce savant et premier ingénieur de nos ponts et chaussées cite un autre accident de même espèce arrivé en 1755 à Pardines, près d’Issoire en Auvergne : le terrain, sur environ quatre cents toises de longueur et trois cents toises de largeur, descendit sur une prairie assez éloignée, avec les maisons, les arbres, et ce qui étoit dessus. Il ajoute que l’on voit quelquefois des parties considérables de terrain emportées, soit par des réservoirs supérieurs d’eau dont les digues viennent à se rompre, ou par une fonte subite de neiges. En 1767, au village de Guet, à dix lieues de Grenoble, sur la route de Briançon, tout le terrain, lequel est en pente, glissa et descendit en un instant vers le Drac, qui en est éloigné d’environ un tiers de lieue ; la terre se fendit dans le village, et la partie qui a glissé se trouve de six, huit, et neuf pieds plus basse qu’elle n’étoit : ce terrain étoit posé sur un rocher assez uni et incliné à l’horizon d’environ 40 degrés.

Je puis ajouter à ces exemples un autre fait dont j’ai eu tout le temps d’être témoin, et qui m’a même occasioné une dépense assez considérable. Le tertre isolé sur lequel sont situés la ville et le vieux château de