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THÉORIE DE LA TERRE.

vaillant on trouve que cela fait une pierre aussi belle et aussi dure que l’agate, ls princes de Saxe en ont donné quelques morceaux à M. Schœpflin, qui en a envoyé deux à M. de Buffon pour le Cabinet du Roi : on a fait de ces bois pétrifiés des vases et autres beaux ouvrages[1]. »

On trouve aussi du bois qui n’a point changé de nature, à d’assez grandes profondeurs dans la terre. M. Du Verny, officier d’artillerie, m’en a envoyé des échantillons avec le détail suivant. « La ville de La Fère, où je suis actuellement en garnison, fait travailler, depuis le 15 du mois d’août de cette année 1755, à chercher de l’eau par le moyen de la tarière : lorsqu’on fut parvenu à trente-neuf pieds au dessous du sol, on trouva un lit de marne, que l’on a continué de percer jusqu’à cent vingt-un pieds : ainsi, à cent soixante pieds de profondeur, on a trouvé, deux fois consécutives, la tarière remplie d’une marne mêlée d’une très grande quantité de fragments de bois, que tout le monde a reconnus pour être du chêne. Je vous en envoie deux échantillons. Les jours suivants, on a trouvé toujours la même marne, mais moins mêlée de bois, et on en a trouvé jusqu’à la profondeur de deux cent dix pieds, où l’on a cessé le travail. »

« On trouve, dit M. Justi, des morceaux de bois pétrifiés d’une prodigieuse grandeur dans le pays de Cobourg, qui appartient à une branche de la maison de Saxe ; et dans les montagnes de Misnie, on a tiré de la terre des arbres entiers, qui étoient entièrement changés en une très belle agate. Le Cabinet impérial

  1. Lettre de M. Schœpflin : Strasbourg, 24 septembre 1746.