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ART. XVIII. EFFET DES PLUIES.

languissent : les sources et les puits y sont si rares que l’on n’en compte que cinq depuis le Caire jusqu’au mont Sinai ; encore l’eau en est-elle amère et saumâtre.

Lorsque les eaux qui sont à la surface de la terre ne peuvent trouver d’écoulement, elles forment des marais et des marécages. Les plus fameux marais de l’Europe sont ceux de Moscovie à la source du Tanaïs ; ceux de Finlande, où sont les grands marais Zavolax et Énasak : il y en a aussi en Hollande, en Westphalie, et dans plusieurs autres pays bas. En Asie on a les marais de l’Euphrate, ceux de la Tartarie, le Palus Méotide ; cependant en général il y en a moins en Asie et en Afrique qu’en Europe : mais l’Amérique n’est, pour ainsi dire, qu’un marais continu dans toutes ses plaines ; cette grande quantité de marais est une preuve de la nouveauté du pays et du petit nombre des habitants, encore plus que du peu d’industrie.

Il y a de très grands marécages en Angleterre dans la province de Lincoln près de la mer, qui a perdu beaucoup de terrain d’un côté, et en a gagné de l’autre. On trouve dans l’ancien terrain une grande quantité d’arbres qui y sont enterrés au dessous du nouveau terrain amené par les eaux ; on en trouve de même en grande quantité en Écosse, à l’embouchure de la rivière Ness. Auprès de Bruges en Flandre, en fouillant à quarante ou cinquante pieds de profondeur, on trouve une très grande quantité d’arbres aussi près les uns des autres que dans une forêt : les troncs, les rameaux et les feuilles sont si bien conservés qu’on distingue aisément les différentes espèces d’arbres. Il y a cinq cents ans que cette terre, où l’on trouve des arbres, étoit une mer, et avant ce