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ART. IX. INÉGALITÉS DE LA TERRE.

par rapport au globe terrestre. Trois mille toises de différence sur trois mille lieues de diamètre, c’est une toise sur une lieue, ou un pied sur deux mille deux cents pieds ; ce qui, sur un globe de deux pieds et demi de diamètre, ne fait pas la sixième partie d’une ligne : ainsi la terre, dont la surface nous paroît traversée et coupée par la hauteur énorme des montagnes et par la profondeur affreuse des mers, n’est cependant, relativement à son volume, que très légèrement sillonnée d’inégalités si peu sensibles, qu’elles ne peuvent causer aucune différence à la figure du globe.

Dans les continents, les montagnes sont continues et forment des chaînes ; dans les îles, elles paroissent être plus interrompues et plus isolées, et elles s’élèvent ordinairement au dessus de la mer en forme de cône ou de pyramide, et on les appelle des pics. Le pic de Ténériffe, dans l’île de Fer, est une des plus hautes montagnes de la terre ; elle a près d’une lieue et demie de hauteur perpendiculaire au dessus du niveau de la mer. Le pic de Saint-George dans l’une des Açores, le pic d’Adam dans l’île de Ceylan, sont aussi fort élevés. Tous ces pics sont composés de rochers entassés les uns sur les autres, et ils vomissent à leur sommet du feu, des cendres, du bitume, des minéraux et des pierres. Il y a même des îles qui ne sont précisément que des pointes de montagnes, comme l’île Sainte-Hélène, l’île de l’Ascension, la plupart des Canaries et des Açores ; et il faut remarquer que dans la plupart des îles, des promontoires et des autres terres avancées dans la mer, la partie du milieu est toujours la plus élevée, et qu’elles sont ordinairement séparées en deux par des chaînes de montagnes qui les partagent