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ART. VIII. PRODUCTIONS DE LA MER.

il n’est pas douteux que ces matières ne soient nouvelles, et qu’elles ne prennent tous les jours de l’accroissement. Le tuf n’est qu’un amas de matières lapidifiques, dans lesquelles on n’aperçoit aucune couche distincte : cette matière est disposée ordinairement en petits cylindres creux, irrégulièrement groupés et formés par des eaux gouttières au pied des montagnes ou sur la pente des collines, qui contiennent des lits de marne ou de pierre tendre et calcinable ; la masse totale de ces cylindres, qui font un des caractères spécifiques de cette espèce de tuf, est toujours ou oblique ou verticale, selon la direction des filets d’eau qui les forment. Ces sortes de carrières parasites n’ont aucune suite : leur étendue est très bornée en comparaison des carrières ordinaires, et elle est proportionnée à la hauteur des montagnes qui leur fournissent la matière de leur accroissement. Le tuf recevant chaque jour de nouveaux sucs lapidifiques, ces petites colonnes cylindriques qui laissoient entre elles beaucoup d’intervalle, se confondent à la fin, et avec le temps le tout devient compacte : mais cette matière n’acquiert jamais la dureté de la pierre ; c’est alors ce qu’Agricola nomme marga tofacea fistulosa. On trouve ordinairement dans ce tuf quantité d’impressions de feuilles d’arbres et de plantes de l’espèce de celles que le terrain des environs produit ; on y trouve aussi assez souvent des coquilles terrestres très bien conservées, mais jamais de coquilles de mer. Le tuf est donc certainement une matière nouvelle, qui doit être mise dans la classe des stalactites, des pierres fondantes, des incrustations, etc. Toutes ces matières nouvelles sont des espèces de pierres parasites qui se forment