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ART. XI. MERS ET LACS.

termine à vous envoyer mes observations à ce sujet.

» Deux mois après mon départ de France, je pris connoissance de terre entre les caps Gonsalvez et de Sainte-Catherine ; la force des courants, dont la direction est au nord-nord-ouest, suivant exactement le gisement des terres qui sont ainsi situées, m’obligea de mouiller. Les vents généraux, dans cette partie, sont du sud-sud-est, sud-sud-ouest, et sud-ouest : je fus deux mois et demi dans l’attente inutile de quelque changement, faisant presque tous les jours de vains efforts pour gagner du côté de Loango, où j’avois affaire. Pendant ce temps, j’ai observé que la mer descendoit dans la direction ci-dessus avec sa force, depuis une demie jusqu’à une lieue à l’heure, et qu’à de certaines profondeurs les courants remontoient en dessous avec au moins autant de vitesse qu’ils descendoient en dessus.

» Voici comme je me suis assuré de la hauteur de ces différents courants. Étant mouillé par huit brasses d’eau, la mer extrêmement claire, j’ai attaché un plomb de trente livres au bout d’une ligne ; à environ deux brasses de ce plomb, j’ai mis une serviette liée à la ligne par un de ses coins, laissant tomber le plomb dans l’eau ; aussitôt que la serviette y entroit, elle prenoit la direction du premier courant : continuant à l’observer, je la faisois descendre ; d’abord que je m’apercevois que le courant n’agissoit plus, j’arrêtois ; pour lors elle flottoit indifféremment autour de la ligne. Il y avoit donc dans cet endroit interruption de cours. Ensuite, baissant ma serviette à un pied plus bas, elle prenoit une direction contraire à celle qu’elle avoit auparavant. Marquant la ligne à la surface de