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DISCOURS ACADÉMIQUES.

qu’il soit majestueux et grave. Le ton du philosophe pourra devenir sublime toutes les fois qu’il parlera des lois de la nature, des êtres en général, de l’espace, de la matière, du mouvement, et du temps, de l’âme, de l’esprit humain, des sentiments, des passions : dans le reste, il suffira qu’il soit noble et élevé. Mais le ton de l’orateur et du poëte, dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime, parce qu’ils sont les maîtres de joindre à la grandeur de leur sujet autant de couleur, autant de mouvement, autant d’illusion qu’il leur plaît, et que, devant toujours peindre et toujours agrandir les objets, ils doivent aussi partout employer toute la force et déployer toute l’étendue de leur génie.

ADRESSE

À MESSIEURS DE L’ACADÉMIE FRANÇOISE.

Que de grands objets, messieurs, frappent ici mes yeux ! et quel style et quel ton faudroit-il employer pour les peindre et les représenter dignement ! L’élite des hommes est assemblée ; la Sagesse est à leur tête. La Gloire, assise au milieu d’eux, répand ses rayons sur chacun, et les couvre tous d’un éclat toujours le même et toujours renaissant. Des traits d’une lumière plus vive encore partent de sa couronne immortelle, et vont se réunir sur le front auguste du plus puissant et du meilleur des rois[1]. Je le vois, ce héros, ce prince adorable, ce maître si cher. Quelle noblesse dans tous ses traits ! que de majesté dans toute sa personne ! que

  1. Louis XV, le Bien-Aimé.