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LXXVII
PAR VICQ D’AZYR.

l’heureuse alliance de la bonté du cœur et de la simplicité du caractère avec toutes les puissances de l’esprit ! elle peindroit la résignation d’un philosophe souffrant et mourant sans plainte et sans murmure ! Cette excellente amie a été témoin de ses derniers efforts ; elle a reçu ses derniers adieux ; elle a recueilli ses dernières pensées. Qui mérita mieux qu’elle d’être dépositaire des dernières méditations du génie ? Que ne peut encore s’élever ici la voix imposante d’un illustre ami de ce grand homme, de cet administrateur qui tantôt, dans la retraite, éclaire les peuples par ses ouvrages, et tantôt, dans l’activité du ministère, les rassure par sa présence et les conduit par sa sagesse ! Des sentiments communs d’admiration, d’estime et d’amitié, rapprochoient ces trois âmes sublimes. Que de douceurs, que de charmes dans leur union ! Étudier la nature et les hommes, les gouverner et les instruire, leur faire du bien et se cacher, exciter leur enthousiasme et leur amour ; ce sont presque les mêmes soins, les mêmes pensées ; ce sont des travaux et des vertus qui se ressemblent.

Avec quelle joie M. de Buffon auroit vu cet ami, ce grand ministre, rendu par le meilleur des rois aux vœux de tous, au moment où les représentants du plus généreux des peuples vont traiter la grande affaire du salut de l’État ; à la veille de ces grands jours où doit s’opérer la régénération solennelle du corps politique ; où de l’union, naîtront l’amour et la force ; où le père de la patrie recueillera ces fruits si doux de sa bienfaisance, de sa modération et de sa justice ; où son auguste compagne, mère sensible et tendre, si profondément occupée des soins qu’elle ne