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LXXVI
ÉLOGE DE BUFFON

tête, qui, après avoir été la source de ses inspirations, l’entretenoit encore des grands objets de la nature. Il vécut tout entier jusqu’au moment où nous le perdîmes. Vous vous souvenez, messieurs, de la pompe de ses funérailles ; vous y avez assisté avec les députés des autres académies, avec tous les amis des lettres et des arts, avec ce cortège innombrable de personnes de tous les rangs, de tous les états qui suivoient en deuil, au milieu d’une foule immense et consternée. Un murmure de louanges et de regrets rompoit quelquefois le silence de l’assemblée. Le temple vers lequel on marchoit ne put contenir cette nombreuse famille d’un grand homme. Les portiques, les avenues demeurèrent remplis ; et tandis que l’on chantoit l’hymne funèbre, ces discours, ces regrets, ces épanchements de tous les cœurs ne furent point interrompus. Enfin, en se séparant, tristes de voir le siècle s’appauvrir, chacun formoit des vœux pour que tant de respects rendus au génie fissent germer de nouveaux talents, et préparassent une génération digne de succéder à celle dont on trouve parmi vous, messieurs, les titres et les exemples.

J’ai parlé des beautés du style et de l’étendue du savoir de M. de Buffon. Que ne peut s’élever ici, messieurs, pour peindre dignement ses qualités et ses vertus, et pour ajouter beaucoup à vos regrets, la voix des personnes respectables dont il s’éloit environné ! que ne peut surtout se faire entendre la voix éloquente d’une vertueuse amie, dont les tendres consolations, dont les soins affectueux, elle me permettra de dire, dont les hommages ont suivi cet homme illustre jusqu’au tombeau ! elle peindroit