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LXXII
ÉLOGE DE BUFFON

Descartes, refusé d’y croire. Tout ce qui étoit grand et beau lui paroissoit devoir être tenté, et il n’y avoit d’impossible pour lui que les petites entreprises et les travaux obscurs, qui sont sans gloire comme sans obstacles.

M. de Buffon fut grand dans l’aveu de ses fautes ; il les a relevées dans ses suppléments avec autant de modestie que de franchise, et il a montré par là tout ce que pouvoit sur lui la force de la vérité.

Il s’étoit permis de plaisanter sur une lettre dont il ignoroit alors que M. de Voltaire fût l’auteur. Aussitôt qu’il l’eut appris, il déclara qu’il regrettoit d’avoir traité légèrement une des productions de ce grand homme ; et il joignit à cette conduite généreuse un procédé délicat, en répondant avec beaucoup d’étendue aux foibles objections de M. de Voltaire, que les naturalistes n’ont pas mêmes jugées dignes de trouver place dans leurs écrits.

Pour savoir tout ce que vaut M. de Buffon, il faut, messieurs, l’avoir lu tout entier. Pourrois-je ne pas vous le rappeler encore lorsque dans sa réponse à M. de la Condamine, il le peignit voyageant sur ces monts sourcilleux que couvrent des glaces éternelles, dans ces vastes solitudes, où la nature, accoutumée au plus profond silence, dut être étonnée de s’entendre interroger pour la première fois ! L’auditoire fut frappé de cette grande image, et demeura pendant quelques instants dans le recueillement avant que d’applaudir.

Si, après avoir admiré M. de Buffon dans toutes les parties de ses ouvrages, nous comparions les grands écrivains dont notre siècle s’honore, avec ceux par