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LXXI
PAR VICQ D’AZYR.

dans Pline celle de la langue des Romains. Les savants, les professeurs étudient Aristote ; les philosophes, les théologiens lisent Platon ; les orateurs, les historiens, les curieux, les gens du monde préfèrent Pline. La lecture des écrits de M. de Buffon convient à tous ; seul, il vaut mieux que Pline ; avec M. Daubenton, son illustre compétiteur, il a été plus loin qu’Aristote. Heureux accord de deux âmes dont l’union a fait la force, et dont les trésors étoient communs ; rare assemblage de toutes les qualités requises pour observer, décrire, et peindre la nature ; phénomène honorable aux lettres, dont les siècles passés n’offrent point d’exemple, et dont il faut que les hommes gardent long-temps le souvenir.

S’il m’étoit permis de suivre ici M. de Buffon dans la carrière des sciences physiques, nous l’y retrouverions avec cet amour du grand qui le distingue. Pour estimer la force et la durée du bois, il a soumis des forêts entières à ses recherches. Pour obtenir des résultats nouveaux sur les progrès de la chaleur, il a placé d’énormes globes de métal dans des fourneaux immenses. Pour résoudre quelques problèmes sur l’action du feu, il a opéré sur des torrents de flamme et de fumée. Il s’est appliqué à la solution des questions les plus importantes à la fonte des grandes pièces d’artillerie ; disons aussi qu’il s’est efforcé de donner plus de perfection aux fers de charrue, travail vraiment digne que la philosophie le consacre à l’humanité. Enfin, en réunissant les foyers de plusieurs miroirs en un seul, il a inventé l’art qu’employèrent Procul et Archimède pour embraser au loin des vaisseaux. On doit surtout le louer de n’avoir pas, comme