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LXVI
ÉLOGE DE BUFFON

mises en action, offriroient toute sa théorie dans un mouvant tableau. À cette vue il en joignit une autre. L’histoire de la nature lui parut devoir comprendre, non seulement tous les corps, mais aussi toutes les durées et tous les espaces. Par ce qui reste, il espéra qu’il joindroit le présent au passé, et que de ces deux points il se porteroit sûrement vers l’avenir. Il réduisit à cinq grands faits tous les phénomènes du mouvement et de la chaleur du globe ; de toutes les substances minérales, il forma cinq monuments principaux ; et, présent à tout, marchant d’une de ces bases vers l’autre, calculant leur ancienneté, mesurant leurs intervalles, il assigna aux révolutions leurs périodes, au monde ses âges, à la nature ses époques.

Qu’il est grand et vaste ce projet de montrer les traces des siècles empreintes depuis le sommet des plus hautes élévations du globe jusqu’au fond des abîmes, soit dans ces massifs que le temps a respectés, soit dans ces couches immenses, formées par les débris des animaux muets et voraces, qui pullulent si abondamment dans les mers, soit dans ces productions dont les eaux ont couvert les montagnes, soit dans ces dépouilles antiques de l’éléphant et de l’hippopotame que l’on trouve aujourd’hui sous des terres glacées, soit dans ces excavations profondes, où, parmi tant de métamorphoses, tant de compositions ébauchées, et tant de formes régulières, on prend l’idée de ce que peuvent le temps et le mouvement, et de ce que sont l’éternité et la toute-puissance !

Mille objections ont été faites contre cette composition hardie. Mais que leurs auteurs disent si, lorsqu’ils affectent, par une critique aisée, d’en blâmer