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LXV
PAR VICQ D’AZYR.

cours éloquent aux nations sur la nécessité de chercher les richesses, non dans des cavernes profondes, mais sur tant de plaines incultes, qui, livrées au laboureur, produiroient à jamais l’abondance et la santé.

Quelquefois M. de Buffon montre dans son talent une confiance qui est l’âme des grandes entreprises. Voilà, dit-il, ce que j’apercevois par la vue de l’esprit ; et il ne trompe point, car cette vue seule lui a découvert des rapports que d’autres n’ont trouvés qu’à force de veilles et de travaux. Il avoit jugé que le diamant étoit inflammable, parce qu’il y avoit reconnu, comme dans les huiles, une réfraction puissante. Ce qu’il a conclu de ses remarques sur l’étendue des glaces australes, Cook l’a confirmé. Lorsqu’il comparoit la respiration à l’action d’un feu toujours agissant ; lorsqu’il distinguoit deux espèces de chaleur, l’une lumineuse, et l’autre obscure ; lorsque, mécontent du phlogistique de Stahl, il en formoit un à sa manière ; lorsqu’il créoit un soufre ; lorsque, pour expliquer la calcination et la réduction des métaux, il avoit recours à un agent composé de feu, d’air et de lumière ; dans ces différentes théories, il faisoit tout ce qu’on peut attendre de l’esprit ; il devançoit l’observation ; il arrivoit au but sans avoir passé par les sentiers pénibles de l’expérience ; c’est qu’il l’avoit vu d’en haut, et qu’il étoit descendu pour l’atteindre, tandis que d’autres ont à gravir long-temps pour y arriver.

Celui qui a terminé un long ouvrage se repose en y songeant. Ce fut en réfléchissant ainsi sur le grand édifice qui étoit sorti de ses mains, que M. de Buffon projeta d’en resserrer l’étendue dans des sommaires, où ses observations, rapprochées de ses principes, et