ses premiers tableaux. De toutes parts, dans le premier règne, l’existence se renouvelle et se propage ; tout y est vie, mouvement et sensibilité. Ici, c’est au contraire l’empire de la destruction : la terre, observée dans l’épaisseur des couches qui la composent, est jonchée d’ossements ; les générations passées y sont confondues ; les générations à venir s’y engloutiront encore. Nous-mêmes en ferons partie. Les marbres des palais, les murs des maisons, le sol qui nous soutient, le vêtement qui nous couvre, l’aliment qui nous nourrit, tout ce qui sert à l’homme, est le produit et l’image de la mort.
Ce sont ces grands contrastes que M. de Buffon aimoit à saisir ; et, lorsqu’abandonnant à l’un de ses amis, qui s’est montré digne de cette association honorable, mais qui déjà n’est plus, le soin de finir son traité des oiseaux, il se livroit à l’examen des corps que la terre cache en son sein, il y cherchoit, on n’en peut douter, de nouveaux sujets à peindre ; il vouloit considérer et suivre les continuelles métamorphoses de la matière qui vit dans les organes, et qui meurt hors des limites de leur énergie ; il vouloit dessiner ces grands laboratoires où se préparent la chaux, la craie, la soude et la magnésie au fond du vaste océan ; il vouloit parler de la nature active, j’ai presque dit des sympathies, de ce métal ami de l’homme, sans lequel nos vaisseaux vogueroient au hasard sur les mers ; il vouloit décrire l’éclat et la limpidité des pierres précieuses, échappées à ses pinceaux ; il vouloit montrer l’or suspendu dans les fleuves, dispersé dans les sables, ou caché dans les mines, et se dérobant partout à la cupidité qui le poursuit ; il vouloit adresser un dis-