dénuées de preuves ; et il semble se justifier plutôt que s’applaudir de les avoir imaginées. Maintenant son art est connu, et son secret est dévoilé. Ce grand homme n’a rien négligé de ce qui pouvoit attirer sur lui l’attention générale, qui étoit l’objet de tous ses travaux. Il a voulu lier, par une chaîne commune, toutes les parties du système de la nature ; il n’a point pensé que, dans une si longue carrière, le seul langage de la raison pût se faire entendre à tous ; et, cherchant à plaire pour instruire, il a mêlé quelquefois les vérités aux fables, et plus souvent quelques fictions aux vérités.
Dans les discours dont je dois rassembler ici les principales idées, les problèmes les plus intéressants sont proposés et résolus. On y cherche, parmi les lieux les plus élevés du globe, quel fut le berceau du genre humain ; on y peint les premiers peuples s’entourant d’animaux esclaves ; des colonies nombreuses suivant la direction et les pentes des montagnes, qui leur servent d’échelons pour descendre au loin dans les plaines, et la terre se couvrant, avec le temps, de leur postérité.
On y demande s’il y a des hommes de plusieurs espèces ; l’on y fait voir que, depuis les zones froides, que le Lapon et l’Eskimau partagent avec les phoques et les ours blancs, jusqu’aux climats que disputent à l’Africain le lion et la panthère, la grande cause qui modifie les êtres est la chaleur. L’on y démontre que ce sont ses variétés qui produisent les nuances de la couleur et les différences de la stature des divers habitants du globe, et que nul caractère constant n’établit entre eux des différences déterminées. D’un pôle