noîtrez quand la terre commença d’être, et comment elle enfanta les hautes montagnes. Il dit avec Lucrèce : J’enseignerai avec quels éléments la nature produit, accroît et nourrit les animaux ; et, se plaçant à l’origine des choses : un astre, ajouta-t-il, a frappé le soleil ; il en a fait jaillir un torrent de matière embrasée, dont les parties, condensées insensiblement par le froid, ont formé les planètes. Sur le globe que nous habitons, les molécules vivantes se sont composées de l’union de la matière inerte avec l’élément du feu ; les régions des pôles, où le refroidissement a commencé, ont été, dans le principe, la patrie des plus grands animaux. Mais déjà la flamme de la vie s’y est éteinte ; et la terre se dépouillant par degrés de sa verdure, finira par n’être plus qu’un vaste tombeau.
On trouve dans ces fictions brillantes la source de tous les systèmes que M. de Buffon a formés. Mais, pour savoir jusqu’à quel point il tenoit à ces illusions de l’esprit, qu’on le suive dans les routes où il s’engage. Ici, plein de confiance dans ses explications, il rappelle tout à des lois que son imagination a dictées. Là, plus réservé, il juge les systèmes de Winston et de Leibnitz, comme il convient au traducteur de Newton ; et la sévérité de ses principes étonne ceux qui savent combien est grande ailleurs la hardiesse de ses suppositions. Est-il blessé par la satire ? il reprend ces théories qu’il avoit presque abandonnées ; il les accommode aux découvertes qui ont changé la face de la physique ; et, perfectionnées, elles excitent de nouveau les applaudissements et l’admiration que des critiques maladroits avoient projeté de lui ravir. Plus calme ailleurs, il convient que ses hypothèses sont