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L
ÉLOGE DE BUFFON

grands esprits donnoient des espérances qui n’ont point été trompées.

Quel étonnant spectacle que celui de la nature ! Des astres étincelants et fixes qui répandent au loin la chaleur et la lumière ; des astres errants qui brillent d’un éclat emprunté, et dont les routes sont tracées dans l’espace ; des forces opposées d’où naît l’équilibre des mondes ; l’élément léger qui se balance autour de la terre ; les eaux courantes qui la dégradent et la sillonnent ; les eaux tranquilles, dont le limon qui la féconde forme les plaines ; tout ce qui vit sur sa surface, et tout ce qu’elle cache en son sein ; l’homme lui-même dont l’audace a tout entrepris, dont l’intelligence a tout embrassé, dont l’industrie a mesuré le temps et l’espace ; la chaîne éternelle des causes ; la série mobile des effets : tout est compris dans ce merveilleux ensemble. Ce sont ces grands objets que M. de Buffon a traités dans ses écrits. Historien, orateur, peintre et poëte, il a pris tous les tons et mérité toutes les palmes de l’éloquence. Ses vues sont hardies, ses plans sont bien conçus, ses tableaux sont magnifiques. Il instruit souvent, il intéresse toujours ; quelquefois il enchante, il ravit ; il force l’admiration, lors même que la raison lui résiste. On retrouve dans ses erreurs l’empreinte de son génie ; et leur tableau prouveroit seul que celui qui les commit fut un grand homme.

Lorsqu’on jette un coup d’œil général sur les ouvrages de M. de Buffon, on ne sait ce qu’on doit le plus admirer dans une entreprise si étendue, ou de la vigueur de son esprit, qui ne se fatigua jamais, ou de la perfection soutenue de son travail, qui ne s’est