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XLIX
PAR VICQ D’AZYR.

m’avez permis de succéder parmi vous à l’homme illustre que le monde littéraire a perdu.

Malheureusement il en est de ceux qui succèdent aux grands hommes, comme de ceux qui en descendent. On voudroit qu’héritiers de leurs privilèges, ils le fussent aussi de leurs talents ; et on les rend, pour ainsi dire, responsables de ces pertes que la nature est toujours si lente à réparer. Mais ces reproches qui échappent au sentiment aigri par la douleur, le silence qui règne dans l’empire des lettres, lorsque la voix des hommes éloquents a cessé de s’y faire entendre, ce vide qu’on ne sauroit combler, sont autant d’hommages offerts au génie. Ajoutons-y les nôtres ; et méritons, par nos respects, que l’on nous pardonne d’être assis à la place du philosophe qui fut une des lumières de son siècle, et l’un des ornements de sa patrie.

La France n’avoit produit aucun ouvrage qu’elle pût opposer aux grandes vues des anciens sur la nature. Buffon naquit, et la France n’eut plus, à cet égard, de regrets à former.

On touchoit au milieu du siècle ; l’auteur de la Henriade et de Zaïre continuoit de charmer le monde par l’inépuisable fécondité de son génie ; Montesquieu démêloit les causes physiques et morales qui influent sur les institutions des hommes ; le citoyen de Genève commençoit à les étonner par la hardiesse et l’éloquence de sa philosophie ; d’Alembert écrivoit cet immortel discours qui sert de frontispice au plus vaste de tous les monuments de la littérature ; il expliquoit la précession des équinoxes, et il créoit un nouveau calcul ; Buffon préparoit ses pinceaux, et tous ces