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XXXIV
ÉLOGE DE BUFFON

travailler : il avoit placé son cabinet à l’extrémité d’un vaste jardin sur la cime d’une montagne ; c’est là qu’il passoit les matinées entières, tantôt écrivant dans ce réduit solitaire, tantôt méditant dans les allées de ce jardin, dont l’entrée étoit alors rigoureusement interdite ; seul, et dans les moments de distraction nécessaires au milieu d’un travail long-temps continué, n’ayant autour de lui que la nature, dont le spectacle, en délassant ses organes, le ramenoit doucement à ses idées que la fatigue avoit interrompues. Ces longs séjours à Montbard étoient peu compatibles avec ses fonctions de trésorier de l’Académie ; mais il s’étoit choisi pour adjoint M. Tillet, dont il connoissoit trop le zèle actif et sage, l’attachement scrupuleux à tous ses devoirs, pour avoir à craindre que ses confrères pussent jamais se plaindre d’une absence si utilement employée.

On doit mettre au nombre des services qu’il a rendus aux sciences, les progrès que toutes les parties du Jardin du Roi ont faits sous son administration. Les grands dépôts ne dispensent point d’étudier la nature. La connoissance de la disposition des objets et de la place qu’ils occupent à la surface ou dans le sein de la terre, n’est pas moins importante que celle des objets eux-mêmes ; c’est par là seulement qu’on peut connoître leurs rapports, et s’élever à la recherche de leur origine et des lois de leur formation : mais c’est dans les cabinets qu’on apprend à se rendre capable d’observer immédiatement la nature ; c’est là encore qu’après l’avoir étudiée, on apprend à juger ses propres observations, à les comparer, à en tirer des résultats, à se rappeler ce qui a pu échapper au pre-