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ART. VII. COUCHES ET LITS DE TERRE.

les divers talus de leur contour, ont souvent donné au tout la forme d’un ouvrage artificiel et fait avec la plus grande régularité. On voit dans ces pays là les montagnes y prendre continuellement l’aspect d’anciens et somptueux édifices, de chapelles, de châteaux, de dômes. Ce sont quelquefois des fortifications formées, de longues courtines munies de boulevarts. Il est difficile, en distinguant tous ces objets et la manière dont leurs couches se répondent, de douter que le terrain ne soit abaissé tout autour ; il paroît que ces montagnes, dont la base étoit plus solidement appuyée, sont restées comme des espèces de témoins et des monuments qui indiquent la hauteur qu’avoit anciennement le sol de ces contrées.

La montagne des Oiseaux, appelée en arabe Gebel-teir, est si égale du haut en bas l’espace d’une demi-lieue, qu’elle semble plutôt un mur régulier bâti par la main des hommes que non pas un rocher fait ainsi par la nature. Le Nil la touche par un très long espace, et elle est éloignée de quatre journées et demie du Caire, dans l’Égypte supérieure.

Je puis ajouter à ces observations une remarque faite par la plupart des voyageurs : c’est que dans les Arabies le terrain est d’une nature très différente ; la partie la plus voisine du mont Liban n’offre que des rochers tranchés et culbutés, et c’est ce qu’on appelle l’Arable pétrée. C’est de cette contrée, dont les sables ont été enlevés par le mouvement des eaux, que s’est formé le terrain stérile de l’Arabie déserte ; tandis que les limons plus légers et toutes les bonnes terres ont été portés plus loin dans la partie que l’on appelle l’Arabie heureuse. Au reste, les revers dans