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ART. VII. PRODUCTION DES LITS DE TERRE.

ment à la terre, est très brun et conserve sa couleur naturelle. Si on casse plusieurs de ces cailloux, on reconnoîtra que la blancheur n’est pas seulement au dehors, mais qu’elle pénètre dans l’intérieur plus ou moins profondément, et y forme une espèce de bande, qui n’a dans de certains cailloux que très peu d’épaisseur, mais qui, dans d’autres, occupe presque toute celle du caillou ; cette partie blanche est un peu grenue, entièrement opaque, aussi tendre que la pierre, et elle s’attache à la langue comme les bols, tandis que le reste du caillou est lisse et poli, qu’il n’a ni fil ni grain, et qu’il a conservé sa couleur naturelle, sa transparence, et sa même dureté. Si on met dans un fourneau ce même caillou à moitié décomposé, sa partie blanche deviendra d’un rouge couleur de tuile, et sa partie brune d’un très beau blanc. Qu’on ne dise point, avec un de nos plus célèbres naturalistes, que ces pierres sont des cailloux imparfaits de différents âges, qui n’ont pas encore acquis leur perfection ; car pourquoi seroient-ils tous imparfaits ? pourquoi le seroient-ils tous du même côté, et du côté qui est exposé à l’air ? Il me semble qu’il est aisé de se convaincre que ce sont au contraire des cailloux altérés, décomposés, qui tendent à reprendre la forme et les propriétés de l’argile et du bol dont ils ont été formés. Si c’est conjecturer que de raisonner ainsi, qu’on expose en plein air le caillou le plus caillou (comme parle ce fameux naturaliste), le plus dur et le plus noir, en moins d’une année il changera de couleur à la surface ; et si on a la patience de suivre cette expérience, on lui verra perdre insensiblement et par degrés sa dureté, sa transparence, et ses autres caractè-