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ART. VII. PRODUCTION DES LITS DE TERRE.

et elle n’a pu couvrir tous les lieux où il y a des carrières, et tous ceux qui sont de niveau ou plus bas, sans couvrir toute la surface du globe terrestre. Ici l’on ne considère point encore les montagnes, que la mer auroit dû couvrir aussi, puisqu’il s’y trouve toujours des carrières, et souvent des coquillages. Si on les supposoit formées, le raisonnement que nous faisons en deviendroit beaucoup plus fort.

« La mer, continue-t-il, couvroit donc toute la terre ; et de là vient que tous les bancs ou lits de pierre qui sont dans les plaines sont horizontaux et parallèles entre eux : les poissons auront été les plus anciens habitants du globe, qui ne pouvoit encore avoir ni animaux terrestres, ni oiseaux. Mais comment la mer s’est-elle retirée dans les grands creux, dans les vastes bassins qu’elle occupe présentement ? Ce qui se présente le plus naturellement à l’esprit, c’est que le globe de la terre, du moins jusqu’à une certaine profondeur, n’étoit pas solide partout, mais entremêlé de quelques grands creux dont les voûtes se sont soutenues pendant un temps, mais enfin sont venues à fondre subitement ; alors les eaux seront tombées dans ces creux, les auront remplis, et auront laissé à découvert une partie de la surface de la terre, qui sera devenue une habitation convenable aux animaux terrestres et aux oiseaux. Les coquillages des carrières s’accordent fort avec cette idée ; car outre qu’il n’a pu se conserver jusqu’à présent dans les terres que des parties pierreuses des poissons, on sait qu’ordinairement les coquillages s’amassent en grand nombre dans certains endroits de la mer, où ils sont comme immobiles, et forment des espèces de rochers, et ils