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ART. VII. PRODUCTION DES LITS DE TERRE.

temps sans y toucher, la couche de terre qui sert à la végétation augmenteroit considérablement. Mais les animaux rendant moins à la terre qu’ils n’en tirent, et les hommes faisant des consommations énormes de bois et de plantes pour le feu et pour d’autres usages, il s’ensuit que la couche de terre végétale d’un pays habité doit toujours diminuer et devenir enfin comme le terrain de l’Arabie pétrée, et comme celui de tant d’autres provinces de l’Orient, qui est en effet le climat le plus anciennement habité, où l’on ne trouve que du sel et des sables ; car le sel fixe des plantes et des animaux reste, tandis que toutes les autres parties se volatilisent.

Après avoir parlé de cette couche de terre extérieure que nous cultivons, il faut examiner la position et la formation des couches intérieures. La terre, dit Woodward, paroît, en quelque endroit qu’on la creuse, composée de couches placées l’une sur l’autre, comme autant de sédiments qui seroient tombés successivement au fond de l’eau : les couches qui sont les plus enfoncées, sont ordinairement les plus épaisses ; et celles qui sont sur celles-ci, sont les plus minces par degrés jusqu’à la surface. On trouve des coquilles de mer, des dents, des os de poissons, dans ces différentes couches ; il s’en trouve non seulement dans les couches molles, comme dans la craie, l’argile, et la marne, mais même dans les couches les plus solides et les plus dures, comme dans celles de pierre, de marbre, etc. Ces productions marines sont incorporées avec la pierre ; et lorsqu’on la rompt et qu’on en sépare la coquille, on observe toujours que la pierre a reçu l’empreinte ou la forme de la surface