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ART. VII. PRODUCTION DES LITS DE TERRE.

J’ai dit que j’avois éprouvé toutes ces matières à l’eau-forte, parce que quand l’inspection et la comparaison des matières avec d’autres qu’on connoît ne suffisent pas pour qu’on soit en état de les dénommer, et de les ranger dans la classe à laquelle elles appartiennent, et qu’on a peine à se décider par la simple observation, il n’y a pas de moyen plus prompt, et peut-être plus sûr, que d’éprouver avec l’eau-forte les matières terreuses ou lapiditiques : celles que les esprits acides dissolvent sur-le-champ avec chaleur et ébullition, sont ordinairement calcinables ; celles, au contraire, qui résistent à ces esprits, et sur lesquelles ils ne font aucune impression, sont vitrifiables.

On voit par cette énumération, que le terrain de Marly-la-Ville a été autrefois un fond de mer qui s’est élevé au moins de 75 pieds, puisqu’on trouve des coquilles à cette profondeur de 75 pieds. Ces coquilles ont été transportées par le mouvement des eaux en même temps que le sable où on les trouve ; et le tout est tombé en forme de sédiments qui se sont arrangés de niveau, et qui ont produit les différentes couches de sable gris, blanc, rayé de blanc et de rouge, etc., dont l’épaisseur totale est de 15 ou 18 pieds : toutes les autres couches supérieures jusqu’à la première, ont été de même transportées par le mouvement des eaux de la mer, et déposées en forme de sédiments, comme on ne peut en douter, tant à cause de la situation horizontale des couches, qu’à cause des différents lits de sable mêlé de coquilles, et de ceux de marne, qui ne sont que des débris, ou plutôt des détriments de coquilles ; la dernière couche elle-même a été formée presque en entier par le limon dont