sorte de vraisemblance, que le continent du pôle arctique est séparé en entier des autres continents, aussi bien que celui du pôle antarctique.
L’astronomie et l’art de la navigation sont portés à un si haut point de perfection, qu’on peut raisonnablement espérer d’avoir un jour une connoissance exacte de la surface entière du globe. Les anciens n’en connoissoient qu’une assez petite partie, parce que, n’ayant pas la boussole, ils n’osoient se hasarder dans les hautes mers. Je sais bien que quelques gens ont prétendu que les Arabes avoient inventé la boussole, et s’en étoient servis long-temps avant nous pour voyager sur la mer des Indes, et commercer jusqu’à la Chine[1] : mais cette opinion m’a toujours paru dénuée de toute vraisemblance ; car il n’y a aucun mot dans les langues arabe, turque ou persane, qui puisse signifier la boussole ; ils se servent du mot italien bossola : ils ne savent pas même encore aujourd’hui faire des boussoles ni aimanter les aiguilles, et ils achètent des Européens celles dont ils se servent. Ce que dit le P. Martini au sujet de cette invention, ne me paroît guère mieux fondé ; il prétend que les Chinois connoissoient la boussole depuis plus de trois mille ans[2]. Mais si cela est, comment est-il arrivé qu’ils en aient fait si peu d’usage ? pourquoi prenoient-ils dans leurs voyages à la Cochinchine une route beaucoup plus longue qu’il n’étoit nécessaire ? pourquoi se bornoient-ils à faire toujours les mêmes voyages, dont les plus grands étoient à Java et à Sumatra ? et pourquoi n’auroient-ils pas découvert avant les Européens une infinité d’îles