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THÉORIE DE LA TERRE.

l’Afrique charrient beaucoup d’or ; et comme ce continent est un pays de montagnes très élevées, et que d’ailleurs il est situé sous l’équateur, il n’est pas douteux qu’il ne contienne, aussi bien que l’Amérique, les mines des métaux les plus pesants, et les pierres les plus compactes et les plus dures.

La vaste étendue de la Tartarie septentrionale et orientale n’a été reconnue que dans ces derniers temps. Si les cartes des Moscovites sont justes, on connoît à présent les côtes de toute cette partie de l’Asie, et il paroît que depuis la pointe de la Tartarie orientale jusqu’à l’Amérique septentrionale, il n’y a guère qu’un espace de quatre ou cinq cents lieues : on a même prétendu tout nouvellement que ce trajet étoit bien plus court ; car dans la gazette d’Amsterdam, du 24 février 1747, il est dit, à l’article de Pétersbourg, que M. Stoller avoit découvert, au delà de Kamtschatka, une des îles de l’Amérique septentrionale, et qu’il avoit démontré qu’on pouvoit y aller des terres de l’empire de Russie par un petit trajet. Des jésuites et d’autres missionnaires ont aussi prétendu avoir reconnu en Tartarie des sauvages qu’ils avoient catéchisés en Amérique ; ce qui supposeroit en effet que le trajet seroit encore bien plus court[1]. Cet auteur prétend même que les deux continents de l’ancien et du Nouveau-Monde se joignent par le nord, et il dit que les dernières navigations des Japonnois donnent lieu de juger que le trajet dont nous avons parlé n’est qu’une baie, au dessus de laquelle on peut passer par terre d’Asie en Amérique : mais cela demande confirmation ; car jusqu’à présent on a cru, avec quelque

  1. Voy. l’Hist. de la Nouv.-Fr., par le P. Charlevoix, t. III, p. 30 et 31.