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ART. VI. GÉOGRAPHIE.

nois, avoit fait le voyage depuis Gades jusqu’à la mer d’Arabie ; qu’il avoit même donné par écrit la relation de ce voyage. Outre cela, dit-il, Cornélius Népos nous apprend que de son temps un certain Eudoxe, persécuté par le roi Lathurus, fut obligé de s’enfuir ; qu’étant parti du golfe Arabique, il étoit arrivé à Gades, et qu’avant ce temps on commerçoit d’Espagne en Éthiopie par la mer[1]. Cependant, malgré ces témoignages des anciens, on s’étoit persuadé qu’ils n’avoient jamais doublé le cap de Bonne-Espérance, et l’on a regardé comme une découverte nouvelle cette route que les Portugais ont prise les premiers pour aller aux grandes Indes. On ne sera peut-être pas fâché de voir ce qu’on en croyoit dans le neuvième siècle.

« On a découvert de notre temps une chose toute nouvelle, et qui étoit inconnue autrefois à ceux qui ont vécu avant nous. Personne ne croyoit que la mer qui s’étend depuis les Indes jusqu’à la Chine, eût communication avec la mer de Syrie, et on ne pouvoit se mettre cela dans l’esprit. Voici ce qui est arrivé de notre temps, selon ce que nous en avons appris. On a trouvé dans la mer de Roum ou Méditerranée les débris d’un vaisseau arabe que la tempête avoit brisé, et tous ceux qui le montoient étant péris, les flots l’ayant mis en pièces, elles furent portées par le vent et par la vague jusque dans la mer des Cozars, et de là au canal de la mer Méditerranée, d’où elles furent enfin jetées sur la côte de Syrie. Cela fait voir que la mer environne tout le pays de la Chine et de Cila, l’extrémité du Turquestan et le pays des Cozars ; qu’ensuite elle coule par le détroit jusqu’à ce qu’elle baigne la

  1. Voyez Plin., Hist. nat., tom. I, lib. ii.