Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/348

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
THÉORIE DE LA TERRE.

fleuves qui charrient des glaces, et que par conséquent, il y a grande apparence qu’on réussiroit en dirigeant sa route vers quelque autre point de ce cercle. D’ailleurs la description que nous ont donnée Dampier et quelques autres voyageurs du terrain de la Nouvelle-Hollande, nous peut faire soupçonner que cette partie du globe qui avoisine les terres australes, et qui peut-être en fait partie, est un pays moins ancien que le reste de ce continent inconnu. La Nouvelle-Hollande est une terre basse, sans eaux, sans montagnes, peu habitée, dont les naturels sont sauvages et sans industrie ; tout cela concourt à nous faire penser qu’ils pourroient être dans ce continent à peu près ce que les sauvages des Amazones ou du Paraguay sont en Amérique. On a trouvé des hommes policés, des empires, et des rois, au Pérou, au Mexique, c’est-à-dire dans les contrées de l’Amérique les plus élevées, et par conséquent les plus anciennes ; les sauvages, au contraire, se sont trouvés dans les contrées les plus basses et les plus nouvelles. Ainsi on peut présumer que dans l’intérieur des terres australes on trouveroit aussi des hommes réunis en société dans les contrées élevées, d’où ces grands fleuves qui amènent à la mer ces glaces prodigieuses tirent leur source.

L’intérieur de l’Afrique nous est inconnu presque autant qu’il l’étoit aux anciens : ils avoient, comme nous, fait le tour de cette presqu’île par mer ; mais à la vérité ils ne nous avoient laissé ni cartes ni description de ces côtes. Pline nous dit qu’on avoit, dès le temps d’Alexandre, fait le tour de l’Afrique ; qu’on avoit reconnu dans la mer d’Arabie des débris de vaisseaux espagnols, et que Hannon, général carthagi-