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ART. VI. GÉOGRAPHIE.

la bande de terre qui compose l’ancien continent : car en mesurant l’étendue de la surface du terrain des deux côtés de cette ligne, je trouve qu’il y a dans la partie qui est à gauche 2,471,092 34 lieues carrées, et que, dans la partie qui est à droite de cette ligne, il a 2,469,687 lieues carrées ; ce qui est une égalité singulière, et qui doit faire présumer, avec une très grande vraisemblance, que cette ligne est le vrai milieu de l’ancien continent, en même temps qu’elle en est la plus grande longueur.

L’ancien continent a donc en tout environ 4,940,780 lieues carrées, ce qui ne fait pas une cinquième partie de la surface totale du globe ; et on peut regarder ce continent comme une large bande de terre inclinée à l’équateur d’environ trente degrés[1].

À l’égard du nouveau continent, on peut le regar-

  1. Voici ce que dit sur la figure des continents, l’ingénieux auteur de l’Histoire philosophique et politique des deux Indes.

    « On croit être sûr aujourd’hui que le nouveau continent n’a pas la moitié de la surface du nôtre ; leur figure d’ailleurs offre des ressemblances singulières… Ils paroissent former comme deux bandes de terre qui partent du pôle arctique, et vont se terminer au midi, séparées à l’est et à l’ouest par l’océan qui les environne. Quels que soient et la structure de ces deux bandes, et le balancement ou la symétrie qui règne dans leur figure, on voit bien que leur équilibre ne dépend pas de leur position : c’est l’inconstance de la mer qui fait la solidité de la terre. Pour fixer le globe sur sa base, il falloit, ce me semble, un élément qui, flottant sans cesse autour de notre planète, pût contrebalancer par sa pesanteur toutes les autres substances, et par sa fluidité ramener cet équilibre que le combat et le choc des autres éléments auraient pu renverser. L’eau, par la mobilité de sa nature et par sa gravité tout ensemble, est infiniment propre à entretenir cette harmonie et ce balancement des parties du globe autour de son centre…

    » Si les eaux qui baignent encore les entrailles du nouvel hémisphère n’en avoient pas inondé la surface, l’homme y auroit de bonne