bancs de coquilles de cent lieues de longueur ? Je ne crois pas qu’on puisse persister dans cette opinion, à moins qu’on n’admette dans le déluge un double miracle, le premier pour l’augmentation des eaux, et le second pour le transport des coquilles ; mais comme il n’y a que le premier qui soit rapporté dans l’Écriture-Sainte, je ne vois pas qu’il soit nécessaire de faire un article de foi du second.
D’autre côté, si les eaux du déluge, après avoir séjourné au dessus des plus hautes montagnes, se fussent ensuite retirées tout à coup, elles auroient amené une si grande quantité de limon et d’immondices, que les terres n’auroient point été labourables ni propres à recevoir des arbres et des vignes que plusieurs siècles après cette inondation, comme l’on sait que, dans le déluge qui arriva en Grèce, le pays submergé fut totalement abandonné, et ne put recevoir aucune culture que plus de trois siècles après cette inondation[1]. Aussi doit-on regarder le déluge universel comme un moyen surnaturel dont s’est servie la toute-puissance divine pour le châtiment des hommes, et non comme un effet naturel dans lequel tout se seroit passé selon les lois de la physique. Le déluge universel est donc un miracle dans sa cause et dans ses effets ; on voit clairement par le texte de l’Écriture-Sainte qu’il a servi uniquement pour détruire l’homme et les animaux, et qu’il n’a changé en aucune façon la terre, puisqu’après la retraite des eaux les montagnes, et même les arbres, étoient à leur place, et que la surface de la terre étoit propre à recevoir la culture et à produire des vignes et des fruits. Comment toute la race des
- ↑ Voyez Acta erudit., Lips., anno 1691, page 100.