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THÉORIE DE LA TERRE.

relles. Nos auteurs ont fait de vains efforts pour rendre raison du déluge : leurs erreurs de physique au sujet des causes secondes qu’ils emploient, prouvent la vérité du fait tel qu’il est rapporté dans l’Écriture-Sainte, et démontrent qu’il n’a pu être opéré que par la cause première, par la volonté de Dieu.

D’ailleurs il est aisé de se convaincre que ce n’est ni dans un seul et même temps, ni par l’effet du déluge, que la mer a laissé à découvert les continents que nous habitons : car il est certain par le témoignage des livres sacrés, que le paradis terrestre étoit en Asie, et que l’Asie étoit un continent habité avant le déluge ; par conséquent ce n’est pas dans ce temps que les mers ont couvert cette partie considérable du globe. La terre étoit donc avant le déluge telle à peu près qu’elle est aujourd’hui ; et cette énorme quantité d’eau que la justice divine fit tomber sur la terre pour punir l’homme coupable, donna en effet la mort à toutes les créatures : mais elle ne produisit aucun changement à la surface de la terre ; elle ne détruisit pas même les plantes, puisque la colombe rapporta une branche d’olivier.

Pourquoi donc imaginer, comme l’ont fait la plupart de nos naturalistes, que cette eau changea totalement la surface du globe jusqu’à mille et deux mille pieds de profondeur ? pourquoi veulent-ils que ce soit le déluge qui ait apporté sur la terre les coquilles qu’on trouve à sept ou huit cents pieds dans les rochers et dans les marbres ? pourquoi dire que c’est dans ce temps que se sont formées les montagnes et les collines ? et comment peut-on se figurer qu’il soit possible que ces eaux aient amené des masses et des