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ART. V. QUELQUES AUTRES SYSTÈMES.

traité pour le prouver. Nous ferons voir, à l’article des volcans, combien peu cette opinion est fondée.

Nous ne pouvons nous dispenser d’observer que la plupart des auteurs dont nous venons de parler, comme Burnet, Whiston, et Woodward, ont fait une faute qui nous paroît mériter d’être relevée ; c’est d’avoir regardé le déluge comme possible par l’action des causes naturelles, au lieu que l’Écriture-Sainte nous le présente comme produit par la volonté immédiate de Dieu. Il n’y a aucune cause naturelle qui puisse produire sur la surface entière de la terre la quantité d’eau qu’il a fallu pour couvrir les plus hautes montagnes ; et quand même on pourroit imaginer une cause proportionnée à cet effet, il seroit encore impossible de trouver quelque autre cause capable de faire disparoître les eaux : car en accordant à Whiston que ces eaux sont venues de la queue d’une comète, on doit lui nier qu’il en soit venu du grand abîme, et qu’elles y soient toutes rentrées, puisque le grand abîme étant, selon lui, environné et pressé de tous côtés par la croûte ou l’orbe terrestre, il est impossible que l’attraction de la comète ait pu causer aux fluides contenus dans l’intérieur de cet orbe le moindre mouvement ; par conséquent le grand abîme n’aura pas éprouvé, comme il le dit, un flux et reflux violent ; dès lors il n’en sera pas sorti et il n’y sera pas entré une seule goutte d’eau ; et à moins de supposer que l’eau tombée de la comète a été détruite par miracle, elle seroit encore aujourd’hui sur la surface de la terre, couvrant les sommets des plus hautes montagnes. Rien ne caractérise mieux un miracle que l’impossibilité d’en expliquer l’effet par les causes natu-