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ART. V. QUELQUES AUTRES SYSTÈMES.

nant que dans un espace de 4000 ans les oliviers aient été détruits dans ces cantons et se soient multipliés dans d’autres. C’est donc à tort et contre la lettre de la sainte Écriture que ces auteurs ont supposé que la terre étoit, avant le déluge, totalement différente de ce qu’elle est aujourd’hui ; et cette contradiction de leurs hypothèses avec le texte sacré, aussi bien que leur opposition avec les vérités physiques, doit faire rejeter leurs systèmes, quand même ils seroient d’accord avec quelques phénomènes : mais il s’en faut bien que cela soit ainsi. Burnet, qui a écrit le premier, n’avoit, pour fonder son système, ni observations, ni faits. Woodward n’a donné qu’un essai, où il promet beaucoup plus qu’il ne peut tenir ; son livre est un projet dont on n’a pas vu l’exécution : on voit seulement qu’il emploie deux observations générales : la première, que la terre est partout composée de matières qui autrefois ont été dans un état de mollesse et de fluidité, qui ont été transportées par les eaux, et qui se sont déposées par couches horizontales ; la seconde, qu’il y a des productions marines dans l’intérieur de la terre en une infinité d’endroits. Pour rendre raison de ces faits, il a recours au déluge universel, ou plutôt il paroît ne les donner que comme preuve du déluge : mais il tombe, aussi bien que Burnet, dans des contradictions évidentes ; car il n’est pas permis de supposer avec eux qu’avant le déluge il n’y avoit point de montagnes, puisqu’il est dit précisément et très clairement que les eaux surpassèrent de quinze coudées les plus hautes montagnes. D’autre côté, il n’est pas dit que ces eaux aient détruit et dissous ces montagnes ; au contraire, ces montagnes