ARTICLE V.
On voit bien que les trois hypothèses dont nous venons de parler ont beaucoup de choses communes ; elles s’accordent toutes en ce point, que dans le temps du déluge la terre a changé de forme, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur : ainsi tous ces spéculatifs n’ont pas fait attention que la terre, avant le déluge, étant habitée par les mêmes espèces d’hommes et d’animaux, devoit être nécessairement telle, à très peu près, qu’elle est aujourd’hui, et qu’en effet les livres saints nous apprennent qu’avant le déluge il y avoit sur la terre des fleuves, des mers, des montagnes, des forêts, et des plantes ; que ces fleuves et ces montagnes étoient pour la plupart les mêmes, puisque le Tigre et l’Euphrate étoient les fleuves du paradis terrestre ; que la montagne d’Arménie sur laquelle l’arche s’arrêta, étoit une des plus hautes montagnes du monde au temps du déluge, comme elle l’est encore aujourd’hui ; que les mêmes plantes et les mêmes animaux qui existent existoient alors, puisqu’il y est parlé du serpent, du corbeau, et que la colombe rapporta une branche d’olivier : car quoique M. de Tournefort prétende qu’il n’y a point d’oliviers à plus de 400 lieues du mont Ararath, et qu’il fasse sur cela d’assez mauvaises plaisanteries[1], il est cependant certain qu’il y en avoit en ce lieu dans le temps du déluge, puisque le livre sacré nous en assure ; et il n’est pas éton-
- ↑ Voyage du Levant, vol. II, page 336.