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THÉORIE DE LA TERRE.

Notre auteur n’en est point embarrassé. Dès que la terre, en continuant sa route, se fut éloignée de la comète, l’effet de son attraction, le mouvement de flux et de reflux, cessa dans le grand abîme, et dès lors les eaux supérieures s’y précipitèrent avec violence par les mêmes voies qu’elles en étoient sorties : le grand abîme absorba toutes les eaux superflues, et se trouva d’une capacité assez grande pour recevoir non seulement les eaux qu’il avoit déjà contenues, mais encore toutes celles que la queue de la comète avoit laissées, parce que, dans le temps de son agitation et de la rupture de la croûte, il avoit agrandi l’espace en poussant de tous côtés la terre qui l’environnoit. Ce fut aussi dans ce temps que la figure de la terre, qui jusque là avoit été sphérique, devint elliptique, tant par l’effet de la force centrifuge causée par son mouvement diurne que par l’action de la comète, et cela parce que la terre, en parcourant la queue de la comète, se trouva posée de façon qu’elle présentent les parties de l’équateur à cet astre, et que la force de l’attraction de la comète, concourant avec la force centrifuge de la terre, fit élever les parties de l’équateur avec d’autant plus de facilité que la croûte étoit rompue et divisée en une infinité d’endroits, et que l’action du flux et du reflux de l’abîme poussoit plus violemment que partout ailleurs les parties sous l’équateur.

Voilà donc l’histoire de la création, les causes du déluge universel, celles de la longueur de la vie des premiers hommes, et celles de la figure de la terre. Tout cela semble n’avoir rien coûté à notre auteur ; mais l’arche de Noé paroît l’inquiéter beaucoup. Com-