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ART. II. SYSTÈME DE M. WHISTON.

plus intérieur est un fluide pesant, et le supérieur est de l’eau ; c’est proprement cette couche d’eau qui sert de fondement à la terre, et c’est de cet arrangement admirable de l’atmosphère de la comète que dépendent la théorie de la terre et l’explication des phénomènes.

Car on sent bien que quand l’atmosphère de la comète fut une fois débarrassée de toutes ces matières solides et terrestres, il ne resta plus que la matière légère de l’air, à travers laquelle les rayons du soleil passèrent librement ; ce qui tout d’un coup produisit la lumière : fiat lux. On voit bien que les colonnes qui composent l’orbe de la terre s’étant formées avec tant de précipitation, elles se sont trouvées de différentes densités, et que par conséquent les plus pesantes ont enfoncé davantage dans ce fluide souterrain, tandis que les plus légères ne se sont enfoncées qu’à une moindre profondeur ; et c’est ce qui a produit sur la surface de la terre des vallées et des montagnes. Ces inégalités étoient, avant le déluge, dispersées et situées autrement qu’elles ne le sont aujourd’hui : au lieu de la vaste vallée qui contient l’océan, il y avoit sur toute la surface du globe plusieurs petites cavités séparées qui contenoient chacune une partie de cette eau, et faisoient autant de petites mers particulières ; les montagnes étoient aussi plus divisées et ne formoient pas des chaînes comme elles en forment aujourd’hui. Cependant la terre étoit mille fois plus peuplée, et par conséquent mille fois plus fertile qu’elle ne l’est ; la vie des hommes et des animaux étoit dix fois plus longue, et tout cela parce que la chaleur intérieure de la terre, qui provient du noyau