Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
THÉORIE DE LA TERRE.

tombèrent sur la surface de la terre, et formèrent l’air et l’eau ; et lorsque ces eaux qui étoient à la surface furent agitées par le mouvement du flux et du reflux, les matières furent entraînées peu à peu des pôles vers l’équateur, en sorte qu’il est possible que les parties des pôles se soient abaissées d’environ une lieue, et que les parties de l’équateur se soient élevées de la même quantité. Cela ne s’est pas fait tout à coup, mais peu à peu et dans la succession des temps : la terre étant à l’extérieur exposée aux vents, à l’action de l’air et du soleil, toutes ces causes irrégulières ont concouru avec le flux et le reflux pour sillonner sa surface, y creuser des profondeurs, y élever des montagnes ; ce qui a produit des inégalités, des irrégularités, dans cette couche de terre remuée, dont cependant la plus grande épaisseur ne peut être que d’une lieue sous l’équateur. Cette inégalité de deux lieues est peut-être la plus grande qui puisse être à la surface de la terre ; car les plus hautes montagnes n’ont guère qu’une lieue de hauteur, et les plus grandes profondeurs de la mer n’ont peut-être pas une lieue. La théorie est donc vraie, et la pratique peut l’être aussi : la terre a dû d’abord n’être élevée sous l’équateur que d’environ six lieues et demie de plus qu’aux pôles, et ensuite, par les changements qui sont arrivés à sa surface, elle a pu s’élever davantage. L’histoire naturelle confirme merveilleusement cette opinion, et nous avons prouvé, dans le discours précédent, que c’est le flux et reflux, et les autres mouvements des eaux, qui ont produit les montagnes et toutes les inégalités de la surface du globe ; que cette même surface a subi des changements très considérables, et qu’à de gran-