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XXII
ÉLOGE DE BUFFON

vaux des chimistes modernes, à cette foule de faits précis et bien prouvés dont ils ont enrichi la science de la nature, à cette méthode analytique qui conduit si sûrement à la vérité, oblige de l’attendre lorsqu’elle n’est pas encore à notre portée, et ne permet jamais d’y substituer des erreurs. En effet, l’analyse chimique des substances minérales peut seule donner à leur nomenclature une base solide, répandre la lumière sur leur histoire, sur leur origine, sur les antiques événements qui ont déterminé leur formation.

Malgré ce juste reproche, on retrouve dans l’histoire des minéraux le talent et la philosophie de M. de Buffon, ses aperçus ingénieux, ses vues générales et grandes, ce talent de saisir dans la suite des faits tout ce qui peut appuyer ces vues, de s’emparer des esprits, de les entraîner où il veut les conduire, et de faire admirer l’auteur lors même que la raison ne peut adopter ses principes.

L’Histoire naturelle renferme un ouvrage d’un genre différent, sous le titre l’Arithmétique morale. Une application de calcul à la probabilité de la durée de la vie humaine entroit dans le plan de l’Histoire naturelle ; M. de Buffon ne pouvoit guère traiter ce sujet sans porter un regard philosophique sur les principes mêmes de ce calcul, et sur la nature des différentes vérités. Il y établit cette opinion, que les vérités mathématiques ne sont point des vérités réelles, mais de pures vérités de définition : observation juste, si on veut la prendre dans la rigueur métaphysique, mais qui s’applique également alors aux vérités de tous les ordres, dès qu’elles sont précises et qu’elles n’ont pas des individus pour objet. Si ensuite on