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THÉORIE DE LA TERRE.

densation qu’elle auroit eue dans l’ordre de Jupiter par le rapport de 400 à 14 1722 ; ce qui donne à peu près 234 12 pour sa quantité dont la terre a dû se condenser. Sa densité étoit 207 78 : en y ajoutant la quantité de condensation, l’on trouve pour sa densité actuelle 440 78 ; ce qui approche assez de la densité 400, déterminée par la parallaxe de la lune. Au reste, je ne prétends pas donner ici de rapports exacts, mais seulement des approximations, pour faire voir que les densités des planètes ont beaucoup de rapport avec leur vitesse dans leurs orbites.

La comète ayant donc par sa chute oblique sillonné la surface du soleil, aura poussé hors du corps de cet astre une partie de matière égale à la six cent cinquantième partie de sa masse totale : cette matière, qu’on doit considérer dans un état de fluidité, ou plutôt de liquéfaction, aura d’abord formé un torrent ; les parties les plus grosses et les moins denses auront été poussées au plus loin ; et les parties les plus petites et les plus denses n’ayant reçu que la même impulsion, ne se seront pas si fort éloignées, la force d’attraction du soleil les aura retenues ; toutes les parties détachées par la comète et poussées les unes par les autres, auront été contraintes de circuler autour de cet astre, et en même temps l’attraction mutuelle des parties de la matière en aura formé des globes à différentes distances, dont les plus voisins du soleil auront nécessairement conservé plus de rapidité pour tourner ensuite perpétuellement autour de cet astre.

Mais, dira-t-on une seconde fois, si la matière qui compose les planètes a été séparée du corps du soleil, les planètes devroient être, comme le soleil, brûlan-