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ART. I. FORMATION DES PLANÈTES.

aujourd’hui. À l’égard des autres planètes, Mars, Vénus, et Mercure, comme leur densité n’est connue que par conjecture, nous ne pouvons savoir si cela détruiroit ou confirmeroit notre opinion sur le rapport de la vitesse et de la densité des planètes en général. Le sentiment de Newton est que la densité est d’autant plus grande, que la chaleur à laquelle la planète est exposée est plus grande ; et c’est sur cette idée que nous venons de dire que Mars est une fois moins dense que la terre, Vénus une fois plus dense, Mercure sept fois plus dense, et la comète de 1680 vingt-huit mille fois plus dense que la terre. Mais cette proportion entre la densité des planètes et la chaleur qu’elles ont à supporter, ne peut pas subsister lorsqu’on fait attention à Saturne et à Jupiter, qui sont les principaux objets que nous ne devons jamais perdre de vue dans le système solaire ; car, selon ce rapport entre la densité et la chaleur, il se trouve que la den-

    ments qui sont arrivés et qui arrivent encore tous les jours à la surface du globe, et jusqu’à d’assez grandes profondeurs ; ce fait aide même à expliquer comment il est possible que les eaux de la mer aient autrefois été supérieures de deux mille toises aux parties de la terre actuellement habitées ; car ces eaux la couvriroient encore, si, par de grands affaissements, la surface de la terre ne s’étoit abaissée en différents endroits pour former les bassins de la mer et les autres réceptacles des eaux tels qu’ils sont aujourd’hui.

    Si nous supposons le diamètre du globe terrestre de 2863 lieues, il en avoit deux de plus lorsque les eaux le couvroient à 2000 toises de hauteur. Cette différence du volume de la terre donne 1477 d’augmentation pour sa densité par le seul abaissement des eaux : on peut même doubler, et peut-être tripler cette augmentation de densité ou cette diminution de volume du globe par l’affaissement et les éboulements des montagnes et par les remblais des vallées, en sorte que depuis la chute des eaux sur la terre, on peut raisonnablement présumer qu’elle a augmenté de plus d’un centième de densité. (Add. Buff.)