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ART. I. FORMATION DES PLANÈTES.

dont le soleil est le centre, auroient au contraire à chaque révolution rasé la surface du soleil, et seroient revenues au même point d’où elles étoient parties, comme feroit tout projectile qu’on lanceroit avec assez de force d’un point de la surface de la terre pour l’obliger à tourner perpétuellement : car il est aisé de démontrer que ce corps reviendroit à chaque révolution au point d’où il auroit été lancé ; et dès lors on ne peut pas attribuer à l’impulsion d’une comète la projection des planètes hors du soleil, puisque leur mouvement autour de cet astre est différent de ce qu’il seroit dans cette hypothèse.

À cela je réponds que la matière qui compose les planètes n’est pas sortie de cet astre en globes tout formés, auxquels la comète auroit communiqué son mouvement d’impulsion, mais que cette matière est sortie sous la forme d’un torrent dont le mouvement des parties antérieures a dû être accéléré par celui des parties postérieures ; que d’ailleurs l’attraction des parties antérieures a dû aussi accélérer le mouvement des parties postérieures, et que cette accélération de mouvement, produite par l’une ou l’autre de ces causes, et peut-être par toutes les deux, a pu être telle, qu’elle aura changé la première direction du mouvement d’impulsion, et qu’il a pu en résulter un mouvement tel que nous l’observons aujourd’hui dans les planètes, surtout en supposant que le choc de la comète a déplacé le soleil : car, pour donner un exemple qui rendra ceci plus sensible, supposons qu’on tirât du haut d’une montagne une balle de mousquet, et que la force de la poudre fût assez grande pour la pousser au delà du demi-diamètre de